Dans la peau de Whyll

Cette saison, nous avons proposé à certains joueurs ou capitaine de nous donner leur avis, leur ressenti ou de nous raconter leur expérience en GG League. Eliminés en saison régulière, le capitaine des Stonehall Guards A et membre apprécié et appréciable de la communauté française s’est évidemment proposé.

Avant propos

Après plusieurs saisons en tant que joueur, j’ai décidé pour cette 4ème édition de m’investir plus concrètement dans le tournoi en prenant le rôle de capitaine pour mon équipe de cœur, les Stonehall Guards, avec qui j’ai passé 3 des 4 saisons précédentes. Cette saison arrivant à son terme (du moins pour nous, puisque nous finissons 4ème et ratons par conséquent les playoffs), c’est l’occasion de faire un petit retour sur mon expérience de capitaine.

Le Draft de début de saison

La phase de draft de la GGLeague était la raison principale qui m’a poussé à proposer ma candidature pour « diriger » une des équipes. Depuis que j’ai commencé Dota, le draft m’est toujours apparu comme l’un des aspects les plus riches et complexes du jeu. La perspective de pouvoir réfléchir à un choix non pas de héros mais de joueurs revêtait un aspect particulièrement intéressant – et s’est avéré tout comme pour les drafts de héros, bien plus ardu qu’il n’y paraît aux premiers abords-. Suite à mes différentes expériences, je connaissais une bonne part des joueurs qui allaient participer à la league. Cela m’a permis d’évaluer en amont le pool de participants, d’évaluer ceux que je voulais voir dans mon équipe ainsi que ceux qui ne conviendraient pas selon moi au playstyle que je voulais donner aux Stonehall et de faire des recherches plus approfondies sur les joueurs que je connaissais moins.

Mon objectif était d’utiliser les spécificités du draft pour d’une part constituer une équipe solide mais également en profiter pour retirer certains joueurs aux autres équipes, sur le principe du deny pick. De même, j’avais pour objectif d’écarter les joueurs proposant trop de positions différentes. Je sais la complexité de Dota et le temps nécessaire pour maîtriser un rôle à un niveau compétitif, aussi je voulais éviter au maximum de draft un joueur pour le faire finalement jouer à un poste qu’il ne maîtrisait pas forcément. Sur un tournoi court comme la GGLeague, cela peut rapidement devenir complexe et avoir des impacts sur le moral du joueur, et c’était un scénario que je voulais absolument éviter. Ma ligne directrice au début du draft, c’était : Un bon état d’esprit, des joueurs à leur poste qu’importe le niveau et zéro frustration. Au final, vu notre résultat final (0-6) le dernier point n’est peut-être pas atteint, mais dans l’ensemble, on a coché toutes les cases.

J’ai choisi Hypsilon en premier en raison du faible nombre de carry présents dans le pool de joueurs, et également parce que son héros pool avait l’intérêt de comporter beaucoup de cheese pick qui auraient donné un avantage à nos drafts, forçant nos adversaires à nous priver de certains héros et nous laissant plus de marge de manœuvre.

Mon second pick a été Sygma si mes souvenirs sont bons. Là aussi, il y a avait peu de p5 « de formation » dans le pool, et comme on m’avait enlevé (légitimement vu son niveau) Pipollo avec qui j’adore jouer dès le départ, j’ai choisi un autre joueur très solide selon moi du fait de nos précédentes rencontres en GGLeague. En prime, je m’entends plutôt bien avec lui et il a été très supportive lors des précédentes saisons, et. je n’avais jamais eu l’occasion d’évoluer en équipe à ses côtés, donc mon choix a été plutôt rapide.

Mon troisième choix s’est porté sur Roxano. Bâtir une équipe et partir en terrain inconnu, c’est une très belle expérience, mais c’est plus simple quant on assure ses arrières. Je compte plus le nombre de GGLeague et de FTVLeague que j’ai fait avec Roxano, et je savais que c’était un joueur avec qui je m’entendais extrêmement bien, très douée, la tête sur les épaules et qui contribuerait à la bonne ambiance d’équipe que je cherchais à atteindre. Sachant également que c’était le seul joueur à avoir effectué toutes les précédentes saisons chez les Stonehall, je ne pouvais pas me passer de lui.

Mon quatrième pick a été le plus difficile. Le pool de joueur s’était fortement réduit, et je devais encore doter l’équipe d’un bon joueur de p4. J’en connaissais peu, mais je savais que Rise avait une grosse expérience sur Dota, une grosse expérience en compétitif fr, et qu’il avait de l’expérience en p3 et qu’il s’intégrerait sûrement bien puisqu’il ne quittait pas sa lane de cœur en jouant p4. Il a donc été mon 4ème choix.

J’ai complété l’équipe avec Jericho et link, et avec du recul je n’aurais absolument pas pu faire un meilleur choix. Ils ont été surmotivé pendant toute la league, présents à chaque scrim ou chaque journée de match pour remplacer ou compléter l’équipe, ils ont proposé des idées et contribuer à la bonne ambiance générale qui a fait que, malgré des défaites successives, le moral des joueurs est resté haut toute la saison. C’est difficile de draft des joueurs en sachant qu’ils ne sont pas dans l’équipe « officielle » et j’avais une boule au ventre lorsque j’ai fait mon choix, mais je ne saurais les remercier suffisamment pour ce qu’ils ont apporté à l’équipe !

Dans l’ensemble, je sors de la phase de draft extrêmement satisfait. À quelques détails près, c’était l’équipe que je voulais assembler.

Les Matchs de saison régulière

La différence entre l’équipe sur le papier et l’équipe sur le terrain a commencé à se sentir avec la première journée.

Je reste persuadé qu’individuellement, à leur poste respectif, chacun de mes joueurs représentaient le haut du panier de ce que le pool de joueurs de la GGLeague avait à offrir. Et pourtant, j’ai probablement fait l’erreur de ne pas assez penser au playstyle et aux synergies qui allaient devoir se développer entre les joueurs. Peut-être est-ce en raison de mon rôle -en tant que midlaner je pense rarement à l’importance de l’entente entre joueurs sur les sidelanes-, en tout cas nous avons rapidement constaté des différences dans les approches du jeu entre Roxano et Rise et dans une moindre mesure entre Sygma et Hypsilon.

La première journée nous oppose aux Slom puis aux Revtel, deux matchs très durs d’entrée de jeu. Les débuts de matchs se passent correctement, les phases de lanes également, mais l’équipe manque de cohésion globale et de stratégie, et plusieurs moves se terminent mal. Au lieu de prendre le temps de reset, on précipite les actions en raison d’une mauvaise communication, et les deux games nous échappent.

Entre la première et la seconde journée, on organise un scrim contre les Slom. Résultat : 1-1. Ça nous remet en confiance, on sait qu’on a ce qu’il faut pour gagner si on arrive à jouer nos cartes correctement.

La deuxième journée arrive, et notre premier match contre les Icewrack est un coup dur. Le match est à notre portée, et l’early game se passe très bien, mais en entrée de midgame, et malgré les tentatives évidentes de Chocke de nous donner un coup de pouce en ratant la moitié de ses doom, on commit trop souvent et pas assez franchement et on se casse les dents sur la Dawnbreaker de Profchen et sur le Zeus de Tinrell qu’on arrive pas à atteindre. Au final, l’écart devient trop important et sur un dernier 5v5 on perd la game. Là, le reset est difficile à effectuer. On se concentre sur la deuxième game contre les Slom, et là encore, malgré un early game plutôt réussi (devant au networth à la 25ème), la massivité du draft Beastmaster/Ursa devient ingérable. Meilleure vision, meilleure prise de rosh, dans l’ensemble leur draft est plus élaboré. De notre côté, après avoir laissé la main à Sygma puis à Rise, je reprends la main sur le draft mais on peine à trouver une vision commune pour nos joueurs.

La dernière journée est un peu spéciale, je suis absent, et suite à des désaccords et des mésententes au sein de l’équipe concernant la manière de communiquer de Rise, il est également écarté par le groupe. C’est finalement nos incroyables standin Jericho et Link qui sauvent encore la mise, et qui tentent de renouveler les Stonehall en plaçant Hyspilon au mid et Jericho en carry. Là encore, la game contre les Revtel se solde par un échec, et bien que la revanche contre les Icewrack soit à notre portée, on ne trouve pas de solutions contre le duo de frontlane Lifestealer/Ursa proposé par Profchen et Tinrell, le tout assisté par la légendaire Hoodwink de Pipollo. 0-6 au compteur, malgré la levée des restrictions imposées à Hypsilon. Rideau.

Conclusion

Être capitaine durant la GGLeague a été une expérience très agréable, et je dis ça malgré le score final de notre équipe. J’aurais voulu atteindre de meilleurs résultats avec mes joueurs, parce qu’ils sont tous très talentueux et que notre score ne reflète absolument pas leur niveau. Toutefois, avec un peu de recul, ça veut simplement dire que nos adversaires étaient encore meilleurs, et ça serait hypocrite de ne pas reconnaître le niveau de jeu impressionnant qu’ont pu proposer les Revtel, Icewrack et Slom cette saison, donc je ne pense pas qu’on ait à rougir de notre niveau de jeu.

Le côté management de l’équipe a été un peu plus rude. Quand l’ambiance est là, il suffit de se laisser porter, et tout se passe relativement bien. Mais avec les premières défaites, les choses se corsent un peu, et devoir calmer le jeu, rappeler à l’ordre, négocier et maintenir une cohésion d’équipe devient de plus en plus pesant. L’esprit de la GGLeague étant ce qu’il est (malgré quelques légères dérives – Respectez-vos adversaires bon sang tout le monde est nul ici c’est pas TI), tous les joueurs viennent avec un bon état d’esprit, et ça a facilité les choses, mais ça reste un exercice complexe. Pensez-y, futurs capitaines ! Le jeu en vaut la chandelle, mais c’est une responsabilité qu’il faut savoir assumer !